JOUVE (Pierre Jean).
Né à Arras. 1887-1976. Poète et romancier.
Poèmes Autographes avec une dédicace
Signée « Pierre Jean Jouve » à « Théo, pour nos jours de Sils » [son ami poète Belge Théo Léger(1912-1982)].
S.l.n.d. 2 pages grand in-folio.
Poèmes en prose dont le premier s’inspire d’un Sonnet de William Shakespeare :
...Ainsi je vivrai, te supposant fidèle, comme un mari trompé ; la face de l'amour toujours pourra sembler amour, quoique altérée ; tes regards avec moi, et ton cœur bien ailleurs.
Car ne peut vivre aucune haine dans tes yeux, et là son changement je ne puis déceler. L'histoire d'un cœur faux, dans beaucoup de regards, est inscrite en humeurs, sourcils, traits étrangers.
Mais le ciel te créant décida qu'en ta face le doux amour toujours habiterait ; quelque soit le travail de ton cœur ou pensée, ton aspect ne devrait rien dire que douceur.
Que pareille à la pomme d'Ève croît ta beauté, si ta douce vertu ne répond à l'aspect !...
...Toujours ces pierres vertes, ces choses minuscules, ces énormes coulées de roches et ces vagues bleutées
Et ces prés plateaux d'or à des ciels courroucés.
La profonde tranquillité du voisinage de la neige.
Quelque incertain retour éternel ramenant les vieilles images.
Les amours mortes avec la colline rosée !
Oh se détende l'arc de la mort qui chaque matin sévie sur la lumière.
Renaisse le désir de la gloire et du corps.
S'accomplisse l'indifférence heureuse de la pureté
Et sur le vieux monde de l'organe usé apparaisse le sourire jeune du Dieu sage...
Pierre Jean Jouve a eu « plusieurs vies ». Avant 1914, il est un des écrivains de l'Unanimisme, ce mouvement créé par Jules Romains, puis un membre actif du mouvement pacifiste animé par Romain Rolland pendant la Première Guerre mondiale.
À partir de 1921, une profonde rupture a lieu grâce à sa seconde épouse, la psychanalyste Blanche Reverchon, traductrice de Sigmund Freud (1923) et amie de Jacques Lacan. Jouve devient l'un des premiers écrivains à affronter la psychanalyse et à montrer l'importance de l'inconscient dans la création artistique. On peut citer parmi les œuvres de cette époque ses recueils de poèmes : Les Noces (1925-1931), Sueur de Sang (1933-1935), etc. Il a été aussi, dès 1938 et pendant son exil en Suisse, un important acteur de la résistance intellectuelle contre le nazisme, avec ses poèmes apocalyptiques de Gloire et de La Vierge de Paris.
Jouve a été le compagnon de route de nombreux artistes, d'écrivains (Romain Rolland, Stefan Zweig, Joë Bousquet, Jean Paulhan, Henry Bauchau), de peintres (André Masson, Balthus, Joseph Sima), de philosophes (Jean Wahl, Jacques Lacan) et de musiciens ; il a beaucoup écrit sur l'art et la musique.