Belles pages dans lesquelles l’auteur pourfend le philosophe Jean-Jacques Rousseau, qui dans le « paradoxe du Misanthrope » de sa « Lettre sur les spectacles », avait fait au Misanthrope de Molière le reproche d’immoralité.
Le second manuscrit fait l’éloge du Tartuffe et en retrace l’intrigue.
VENDUE
[MOLIÈRE] ANONYME. 2 M.A. titrés, l’un « Le Misanthrope » et l’autre « Le Tartuffe ».
S.l.n.d. 12 pages au total in-4.
Belles pages dans lesquelles l’auteur pourfend le philosophe Jean-Jacques Rousseau, qui dans le « Paradoxe du Misanthrope » de sa « Lettre sur les spectacles », avait fait au Misanthrope de Molière le reproche d’immoralité.
Le second manuscrit fait l’éloge du Tartuffe et en retrace l’intrigue.
...Autant Molière avait été jusque la au dessus de tous ses rivaux autant il fut au dessus de lui-même dans Le Misanthrope ; emprunter à la morale une des plus grandes leçons qu’elle puisse donner aux hommes ; leur démontrer cette vérité qu’avaient méconnue les plus fameux philosophes anciens, que la sagesse même et la vertu ont besoin d’une mesure, (...) ; rendre cette leçon comique, sans compromettre le respect dû à l’homme honnête et vertueux, c’était là sans doute le triomphe d’un poëte philosophe et la comédie ancienne et moderne n’offrait aucun exemple d’une si haute conception. Aussi arriva-t-il d’abord à Molière ce que nous avons vu arriver à Racine. Les spectateurs ne purent pas l’atteindre : il avait franchi de trop loin la sphère des idées vulgaires. Le Misanthrope fut abandonné parcequ’on ne l’entendit pas. On était encore trop accoutumé du gros rire : il fallut retirer la pièce à la quatrième représentation. Ces méprises si fréquentes nous font rougir et ne nous corrigent pas de la précipitation de nos jugemens. Ce n’est pas que l’exemple du Misanthrope et d’Athalie puisse se renouveller aisément. Ce sont des chefs-d’œuvre d’un ordre trop supérieur ...
Rousseau débute ainsi : « Vous ne sauriés me nier deux choses : l’une qu’Alceste est dans cette pièce un homme droit, sincère, estimable, un véritable homme de bien. L’autre que l’auteur lui donne un personnage ridicule. C’en est assés ce me semble, pour rendre Molière inexcusable. »
Mais la vérité ?... interroge l’auteur, ...Je sais qu’on peut faire de phrases sur ce grand mot (...). Je crois que dans ces sortes de confidences on ne doit la vérité qu’à celui qui est en état d’en profiter. La critique en particulier n’est utile qu’au talent...
La sagesse d’Alceste, poursuit l’auteur, (ou sa vertu), est d’être « trop sage » ou « trop vertueux » jusqu’à l’excès, mais la subtilité du personnage ne vient-elle pas de la politesse extrême d’un homme de son rang, ainsi à chaque fois qu’Alceste répète ... « je ne dis pas cela », il dit en effet tout ce qu’on peut dire de plus dur, en sorte que malgré ce qu’il croit devoir aux formes, il s’abandonne à son caractère dans le même tems même s’il croit en faire le sacrifice. Rien n’est plus naturel et plus comique que cette espèce d’illusion qu’il se fait, et Rousseau l’accuse de fausseté dans l’instant où il est le plus vrai ; car qu’y a-t-il de plus vrai que d’être soi-même, en s’efforçant de ne pas l’être ?...
Le censeur genevois n’épargne pas davantage le rôle de Philinte : il prétend que ses maximes ressemblent beaucoup à celles des fripons. Il est vrai que Rousseau n’en donne pas la moindre preuve (...). Rousseau a oublié (...), que personne ne parle plus haut de probité, que ceux qui n’en ont guère...
Il conclut : ...Je n’aurais pas entrepris cette réfuttation après celle de deux écrivains supérieurs Mrs D’Alembert et Marmontel, si elle ne m’eut servi à répandre un plus grand jour sur une partie des beautés de cette admirable comédie...
2). Le Tartuffe : ...Le Tartuffe est le pas le plus hardi et le plus étonnant qu’ait jamais fait l’art de la comédie. Cette pièce en est le nec plus ultra : en aucun temps dans aucun pays il n’a été aussi loin. Il ne fallait rien moins que Le Tartuffe pour l’emporter sur Le Misanthrope, et pour les faire tous les deux, il fallait être Molière... Il cite Molière : ...« L’hypocrisie (...) est vile et abominable ; mais elle porte un masque, et tout masque est susceptible de faire rire. Le ridicule du masque couvrira sans cesse l’odieux du personnage...