CÉLINE (Louis-Ferdinand Destouches, dit L.-F.). Né à Courbevoie. 1894-1961. Médecin, écrivain.
Manuscrit autographe.
1 page in-folio.
Réf. 5315/568
Fragment du manuscrit autographe du roman D'Un château l'autre, publié en 1957 aux éditions Gallimard, dans lequel Céline fait le récit de son séjour à Sigmaringen en Allemagne, pendant la déroute allemande :
...[ont pas de quoi se chauffer] si les [ils] malades meurent de faim et de froid et€ de manque de medicament et [qu’ils] c’est bien que que si j’ai pas de pommade au soufre qu’en plus de la toux ils se grattent [je suis un traitre] [que je le fais de pres] jour et nuit [de la gale], tous les trois, surtout la petite, qu’à la reunion reunion des cadres PPF il [me mettra en occasion] me dressera un requisitoire d’Hochingen (Hechingen) il [proposera] demandera qu’on [me fusille] m’arrête comme traitre, saboteur, et medecin marron (...)... Voila commandant Raumnitz ce que pense Letron... [President] Letron demeure Spassergasse 8 quatre kilometres au moins à pied et vous savez par quels [sentiers] chemins !... [et à travers] un metre de neige depuis deux mois... Je crois qu’il pourra tres bien venir lui !... il est jeune et vigoureux... il veut que j’y aille... Commandant j’ai le droit de penser que les gens du PPF...
D’un château l’autre conte l’épopée de Céline médecin des pauvres, de sa femme Lili la danseuse et de l’énorme chat Bébert dans le Sigmaringen de la fin 1944. L’Allemagne nazie y a regroupé Pétain, Laval et les principaux chantres de la collaboration en France.
À 64 ans, Céline a trouvé son style. Tout aussi populaire que dans Voyage au bout de la nuit, aussi éructant que dans Mort à crédit, mais construit, élaboré, trituré. Ce ne sont que phrases inachevées, points de suspensions, ruptures de logique. Les manuscrits et moutures successives d’Un Château l’autre montrent que Céline a volontairement déconstruit la phrase initiale pour faire comme les peintres de son siècle : éliminer le sujet au profit de l’expression.