MURGER (Henri). Né à Paris. 1822-1861.
Ecrivain français, journaliste, auteur dramatique à succès
(l’opéra de Puccini La Bohème est tiré de ses Scènes de la Vie de bohème). Il est contemporain de Baudelaire.
L.A.S. « H. Murger » à André Léon-Noël. S.l.,22 juillet 1842. 4 pp. in-8.
BELLE LETTRE DE JEUNESSE ADRESSÉE AU DESSINATEUR LÉON NOËL (FONDATEUR DE LA « SOCIÉTÉ DES BUVEURS D’EAU ») SUR SES TRAVAUX LITTÉRAIRES, SA MISÈRE, SES AMOURS
…Décidément on sème les lettres en guise de petits pois sur la route d’Orléans, ou bien il y a une chambre noire. Voilà au moins dix fois que nos lettres tardent d’arriver ou n’arrivent pas du tout... Dans sa dernière lettre, Murger lui racontait par le menu la séance qui a vu …la dissolution de notre société artistique, dissolution demandée à la majorité… Il ne pourra se rendre à Orléans avant l’automne étant …bien gêné pécuniairement … Il remercie son ami de son empressement …à insérer Le Saule. Si vous en insérez une autre prochainement prenez à Blandusia. J’ai porté à Challame Le Cerf volant, et j’attends la réponse,les circonstances ont décidé que mes habits habillés iraient au clouet ce fait m’a interdit mes visites chez Jouy [E. de Jouy l’introduisit auprès du comte de Tolstoï dont il devint le secrétaire en 1838]. L’écrivain lui propose une petite nouvelle intitulée Un amour à l’hôpital, ...C’est l’histoire d’une passion du Christ [pseudonyme du sculpteur Joseph Desbrosses] pour une sœur de charité qui menace d’être sérieuse… Il peut lui offrir un autre article dont il aurait aimé faire un …vaudeville avec Lefranc et Adrien [Adrien Lelioux, vaudelliste] L’idée en est charmante comme je n’espère pas pouvoir le faire passer dans un journal de Paris, si je faisais un feuilleton et qu’il vous convient le prendriez-vous. Réponse... Il promet de rapporter sa commission à Tavaret travaille …un peu mais guère à la fois depuis 15 jours. Mes amours ont viré de bord quant à ma grosse la Danoise c’est une charmante femme. Je la vois une fois par semaine avec beaucoup de plaisir – elle n’est pas ma maîtresse et je ne sais si elle le sera. En somme, c’est une amie !... En P.S : …Christ va mieux…
Murger donne ici un condensé de ce qui deviendra ses Scènes de la vie de Bohème publiées en 1849 inspirées d’une expérience autobiographique fortement marquée par son passage et son adhésion à la Société des Buveurs d’eau, ces « buveurs d’eau parce qu’ils n’avaient pas les moyens de boire dans leur misère autre chose ». Ladite société regroupait au Quartier latin poètes et artistes qui avaient fait de leur état de misère une condition essentielle au développement de leur art. Murger en résumera le crédo en des termes pathétiques dans la préface à l’édition complète des Scènes« la bohème, c’est le stage de la vie artistique, c’est la Préface de l’Académie, de l’Hôtel-Dieu ou de la morgue… ».
Ce fut malheureusement l’antichambre de la morgue pour l’ami évoqué dans cette lettre.