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Irène Nemirovsky justifie ses choix éditoriaux et met en cause les collaborateurs de Grasset.
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NEMIROVSKY (Irène).
Née à Kiev. 1903-1942 [Auschwitz].
Romancière russe d’expression française.
L.A.S « Irène Nemirovsky » à l'éditeur Bernard Grasset.
Urrugne, 7 juillet 1934. 4 pp. in-8 sur papier gravé à ses initiales.
On joint une carte de visite Autographe de son mari Michel Epstein adressée à B. Grasset et datée du 9 juillet 1934.
IRÈNE NEMIROVSKY JUSTIFIE SES CHOIX ÉDITORIAUX ET MET EN CAUSE LES COLLABORATEURS DE GRASSET
Elle tient à mettre les choses au clair avec Grasset : ...Vous savez certainement que j’ai refusé, pour que l’Affaire Courilof, puisse être éditée chez vous, des offres plus avantageuses, et que mon grand désir était de vous voir éditer Le Pion sur l’Echiquier, mais les personnes qui parlaient au nom des Editions Grasset m’ont non seulement fait des offres dérisoires, mais dit que le livre ne leur plaisait pas, et qu’ils ne croyaient pas au succès. Comme l’Affaire Courilof s’était très mal vendue, à ce qu’il parait, j’ai compris leur sentiment, et je me suis inclinée, certaine que parlant au nom des Editions, c’était en votre nom qu’ils parlaient.
Il y a un mois, lorsque Le Pion a paru, j’ai voulu vous envoyer un exemplaire de mon ouvrage, car je voulais, du moins, que vous sachiez que je ne vous oubliais pas et que le refus de la Maison n’infirmait en rien mes sentiments de reconnaissance personnelle envers vous. Mais l’on m’a répondu chez vous qu’il était tout à fait inutile de vous envoyer quoi que ce soit, car vous ne liriez certainement pas mon livre, étant trop malade pour cela. Je puis vous assurer que j’avais été très affligée de l’apprendre. Mon mari vous dira certainement de vive voix tout ceci, mais je tenais à vous l’écrire...
Michel Epstein annote sa carte de visite qui accompagne la lettre : ...Voici une lettre que ma femme me prie de vous faire parvenir. A très bientôt...
Le Pion sur l’Echiquier, paru en 1934 aux Éditions Albin Michel, est le portrait sans concession d'un homme marié, père d'un enfant, rongé par le mal-être, « condamné à vivre ». Dans la France des années trente, sur fond de crise économique, Irène Némirovsky exprime avec beaucoup de lucidité le désespoir d'un homme dont le paysage intérieur se confond avec le sombre tableau de l'époque.
Après avoir fui la Révolution russe avec sa famille, Irène Némirovski s’installe en France. En 1929, elle connaît le succès avec son premier roman David Golder puis ne cesse d’écrire. Elle publie de nombreuses nouvelles, accueillies de manière inégale par la critique et le public. Inquiets des lois anti-juives du régime de Vichy, elle et son époux [Michel Epstein] demandent en vain leur naturalisation. L’Histoire les rattrape, elle est déportée à Auschwitz en juillet 1942, et après quelques semaines de détention, y meurt du typhus. Son mari y est déporté et assassiné en novembre après avoir recommandé à leur fille aînée de ne jamais abandonner la valise contenant le manuscrit de ce qui allait devenir Suite française. C’est à ce roman inachevé – dont la rédaction a été interrompue par l’arrestation de son auteur - que sera décerné à titre posthume en 2004, le Prix Renaudot.