SIMONE Madame, comédienne. 3 Lettres Autographes (E 10803)

SIMONE (Pauline Porché, née Benda, dite Madame).

Née à Paris. 1877-1985. Comédienne et femme de lettres.

3 L.A.S « Ta P » à son mari François Porché. S.l.n.d. Au total 4 pages in-4.

 Jeudi

...Sarrus [Jean Sarrus, directeur du Théâtre de Mathurins de 1930 à 1933] qui ne fait pas un sou m’a demandé une pièce... Elle lui a donc remis un manuscrit qui ne lui paraît guère adapté à son théâtre ...c’est par contre tout à fait une pièce pour Rocher [René Rocher, directeur du théâtre Caumartin depuis 1923] nous allons bien voir... Les recettes sont piteuses ...4 600 ce soir. Brillante affaire. Les théâtres ne font rien sauf « Tovaricht » [pièce de Jacques Deval, créée au Théâtre de Paris le 13 octobre 1933] et les opérettes. [...] Mais il est temps que tu reviennes. Je suis horriblement triste de te sentir loin si longtemps...

Samedi

... Mon trésor. Sayag [Edmond Sayag, fondateur du théâtre et restaurant des Ambassadeurs, aujourd’hui l’Espace Pierre Cardin] nous a fait hier les plus claires propositions ! Reprendre nous les acteurs la pièce à notre compte ! Tu vois nos têtes ! « Non ? Alors j’arrête ! » Parfait ! moi je ne souhaite que cela. Je me suis remise au travail. Ah quels délices [...] J’ai même dormi cette nuit. Alors tout va bien. [...] Je n’envie certainement pas un muet – un muet obligé de parler tout le temps ! Je voudrais te voir dans ton rôle de bavard. T’embrasse et t’aime mon trésor...

Samedi minuit

...je t’écris ce petit mot en rentrant du théâtre. La recette m’a déçue : 15 400 fs. alors qu’une location de 11 000 fs laissait présager un meilleur chiffre. Mais je pense « Plus tôt fini mais plus [vite] ils reprendront Jours de Colère et je suis toute consolée. As-tu fait un bon voyage ? (Je reprends ma lettre interrompue par manque d’encre et de stylo)

T’a-t-on fait beaucoup parler ? Tu vois mon hyper c’est une punition que t’a ménagée le diable parce que tu ne veux jamais parler à ta femme. Tout à l’heure à la matinée 9 000 ! pas gros ! Le théâtre de Paris nous porte un coup fatal...Pauline de Benda, devenue Simone Le Bargy par son mariage en 1898 avec le comédien Charles le Bargy, débute au théâtre en 1902 dans une pièce

d’Henry Bernstein. Elle reprend le rôle de l’Aiglon puis participe à la création de Chanteclerc d’Edmond Rostand. Elle se remarie en 1909 avec Claude Casimir-Perier et entretient avec le secrétaire de son mari, l’écrivain Alain Fournier mort au combat, une liaison brève et passionnée. Devenue veuve, elle épouse en 1923 François Porché. C’est en femmes de lettres qu’elle poursuit sa très longue existence et obtient le Grand prix de littérature de l’Académie en 1960. Elle est notamment l’auteure de Jours de colère et Le Désordre, romans publiés chez Plon.