PRESSENSE Francis DEHAUT DE. Membre fondateur de la LIGUE DES DROITS DE L'HOMME. - Manuscrit AUtographe d'E. GALLET.

[PRESSENSÉ Francis Dehaut de, (1853-1914). 

Membre fondateur de la Ligue des droits de l’homme. Député du Rhône].

GALLET E. Instituteur de Villeurbanne.

M.A.S. « E. Gallet », intitulé « Le patriotisme et ses contrefaçons, Conférence de M. de Pressensé. Bellegarde (Ain), 6 juillet 1912 ».

23 pages in-4 sur papier à carreaux d’écolier, numérotés au crayon bleu de prote.                                     

Très belle et intéressante conférence de Pressensé sur le patriotisme,

sous forme de « compte-rendu sténographique » par « E. Gallet, instituteur à Villeurbanne-Cusset, Rhône » :

...nous assistons à un spectacle singulier... commence l’orateur, ...la déformation, la déviation du patriotisme entreprise pour faire du patriotisme commun le patriotisme d’une secte...

Il veut examiner scientifiquement ce que doit être l’idée de la patrie, après avoir affirmé que ...Le sentiment de patrie est le plus profond de la race humaine... et qu’il ...consiste dans l’art de faire collectivement la guerre aux autres. Les fourmis connaissent ce patriotisme... Pressensé retrace l’histoire de la notion de patrie depuis l’Antiquité. Il en vient ensuite à une époque plus proche et explique qu’il ...a fallu attendre que la nation fut sur un chevalet de torture pour qu’apparut un patriotisme français. C’est sous la figure de Jeanne d’Arc qu’il se révéla. Quant à moi c’est une chose que j’ai peine à pardonner à ceux qui essaient de faire de cette figure qui devrait restée (sic) une figure sacrée ce qu’ils font contre le sentiment du peuple français qui n’admettra pas ceux qui l’ont brûlée prétendent la mettre sur leurs autels et nous faire agenouiller de force devant eux... Puis, il dénonce les dérives liées à ces sentiments, s’insurgeant de ce qu’ ...On en voit se préoccuper moins de l’intérêt de la patrie que de leur parti. En plein 17^e s. on voit Condé trahir la Fronde et servir en Espagne. C’est pourtant à ce moment là qu’on voit apparaître dans le vocabulaire ces deux mots : patrie et patriote (...). Quelle forme doit prendre le patriotisme ! La forme qu’il ne peut pas prendre est le nationalisme, c’est un patriotisme de l’âge des cavernes... Il dénonce un de ses avatars, le ...patriotisme d’affaires... mené par ceux qui ...non seulement (...) recherchent l’intérêt de la France mais des dividendes, de l’argent..., affirmant : ...Nous croyons qu’il faut servir notre pays et non se servir de notre pays... Il termine sur la politique coloniale qu’il récuse ...Nous prétendons qu’il y a un danger majeur à s’abandonner à l’école qui entraîne dans la politique de conquête coloniale sous ce prétexte qu’il y a des races supérieures et des races inférieures... De la même façon, il dénonce les positions tenues lors de la guerre de 1870 et montre que c’est 1871 qui fit définitivement prendre conscience du droit des peuples à exister et à se gouverner...

Né en 1853 dans une famille de l’aristocratie protestante, Francis de Pressensé s’engage en 1870 dans l’armée de la Loire. Tour à tour secrétaire d’ambassade à Constantinople puis à Washington, éditorialiste au Temps, ardent dreyfusard démissionnaire de la Légion d’honneur, il collabore à l’Aurore puis à l’Humanité. De 1903 à 1914, il est membre actif puis président de la Ligue des droits de l’homme ; il fut un fervent pacifiste jusqu’à sa mort en 1914.