MONTESQUIOU (Robert de).
Né à Paris. 1855-1921. Homme de lettres.
L.A.S. « Comte Robert de Montesquiou » à « Cher confrère et ami » [Robert Brussel]
« Palais rose » [Le Vésinet], 14 juin 1912. 5 pages 1/2 in-4. Enveloppe affranchie.
...Je crois bien que je serai désolé de vous causer le moindre ennui, par une déclamation de ces gestes, et pour une chose dont je n’ai aucun souci... Il explique : ...car si votre témoignage intime me plaît extrêmement, sa publication, je vous le répète n’y ajoute rien pour moi. Je suis fait aux injustices ; mieux, je les aime, étant persuadé que, d’une part, elles portent, en elles, le châtiment, plus ou moins prochain, de ceux et de celles qui les commettent ; de l’autre, l’exaltation finale, de ceux à l’égard de qui elles sont commises...
Il ajoute un long post-scriptum au sujet d’un monsieur Guitharel, ...Est-ce un homme susceptible, rébarbatif, peu accommodant ? Il me semble lui avoir parlé comme il fallait. Peut-être un peu d’insistance de votre part, pour tout arranger...
Descendant de Blaise de Montluc, le comte Robert de Montesquiou-Fézensac est un écrivain aujourd’hui connu pour apparaître dans les œuvres des autres. Proust voyait en lui un « professeur de beauté » et il s’est autoproclamé - c’est le titre d’un de ses recueils poétiques, l’expression venant de Flaubert, dans Salammbô - « le Chef des odeurs suaves ». On le prétend à la fois le modèle de Des Esseintes, dans À rebours, de Joris-Karl Huysmans qu’il n’a pas connu, et du baron de Charlus, dans l’œuvre de Proust dont il fut proche (on le voit aussi dans Monsieur de Phocas de Jean Lorrain et Chantecler d’Edmond Rostand).
De son vivant, il était déjà un personnage, du monde artistique et du monde tout court où il exerçait son baudelairien « plaisir aristocratique de déplaire ».
Il fut peint par James Whistler, Antonio La Gandara et Giovanni Boldini, photographié par Nadar, dessiné par Caran d’Ache en une du Figaro. Familier de Gustave Moreau, il en fut un critique réputé. En musique, il soutint Claude Debussy et Gabriel Fauré.
Le Palais rose se trouve au Vésinet. R. de Montesquiou l’occupa de 1908 à sa mort en 1921.