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TRÈS INTÉRESSANTE LETTRE DANS LAQUELLE LE SOCIOLOGUE DÉVELOPPE QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA RELIGION
NOVICOW (Jacques).
Né à Constantinople. 1849-1912.
Sociologue russe d’expression française. Professeur à l’Université d’Odessa. Éminent précurseur de la sociologie.
L.A.S. « J. Novicow » à « Monsieur ». Odessa, 12 janvier 1903. 4 pp. in-8.
TRÈS INTÉRESSANTE LETTRE DANS LAQUELLE LE SOCIOLOGUE DÉVELOPPE QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA RELIGION
...Votre sermon m’a vivement interessé. J’ai pu juger a quel haut degré de liberalisme est arrivée l’église protestante de France et j’en ai été emerveillé. Seulement, permettez moi de le dire, a notre point de vue de libres penseurs, nous trouvons les catholiques plus logiques. Ils nagent en pleine mythologie, mais enfin, ils conservent une base inébranlable la révélation. Tandis que si l’on remplace la foi en Jésus par la foi de Jésus, tout croule. Car alors, Jésus devient un simple docteur et alors sa foi n’a pas plus de valeur que celle du modeste moscovite qui trace ces lignes. En effet nous avons une philosophie qui est la resultante de merveilleuses découvertes du genre humain poursuivies pendant deux mille ans, tandis que Jésus était un homme fort ignorant. La sociologie de Jesus est enfantine ! Aussi il a fallu le jeter par-dessus le bord pour fonder des constitutions politiques durables... Il médite un ouvrage sur ...l’erreur anthropomorphique. Il sera très radical, je l’avoue. Il tâchera de prouver entre autre que le bonheur de l’humanité ne pourra etre obtenu qu’en regardant en avant, non en arrière. Oui certes, l’homme a besoin de religion. Mais cette religion haute et fière planant au-dessus des decouvertes de la science moderne ne peut plus etre basee sur des enseignements d’obscurs individus ayant vécu dans une obscure region comme la Samarie l’était au premier siècle de notre ère. J’ai des masses d’idées sur une religion future... conclut-il, enthousiaste.
Né d’un père russe et d’une mère grecque, installée à Odessa en 1853, Jacques Novicow y enseigna la sociologie à l’université. Farouche défenseur de la langue française qu’il tenta d’ériger en langue internationale (devant l’anglais), il écrivit la plupart de ses ouvrages en français ; les « Luttes entre les sociétés humaines et leurs phases successives » lui apporta la notoriété. Il fut l’un des premiers membres de l’Institut international de sociologie.