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DRIEU La Rochelle, écrivain. Lettre Autographe (G 3663)

Drieu répond aux propos polémiques du journaliste, chroniqueur au Figaro, Gérard Bauër au sujet de Barrès, et de GILLES...

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G 3663
Description

DRIEU LA ROCHELLE (Pierre).

Né à Paris. 1893-1945.
Écrivain français.
L.A.S. « Drieu » à Gérard Bauër. S.l.,
16 janvier [19]40. 6 pp. numérotées, in-4.
Joint : L.A.S. « Drieu » au même. S.l.n.d. – 2 page in-4.

 

Drieu répond aux propos polémiques du journaliste Gérard Bauër au sujet de Barrès,

et de GILLES [un ouvrage de Drieu parut en 1939 qui fit controverse].
Il ajoute une lettre, plus intimiste, en préambule à la première.

 

 

 …Mon article est bien sorti de notre conversation au Relais, mais par un carambolage de rêveries. Je n’avais pas le souvenir que vous ayez regretté l’absence d’un Barrès (…). Sinon, j’aurais reculé devant l’indécence d’attaquer sournoisement dans le Figaro un collaborateur du Figaro. Mon « Monsieur » était mythique...

Je crois que ce que vous dites pour défendre Barrès était impliqué dans les termes très prudents dont j’enveloppais mon jugement. « Exquisement inadéquat ». Il faisait tout ce qu’il pouvait pour ne choquer personne tout en aidant le plus grand nombre, mais en dépit de tous ses soins il ne pouvait atteindre à une certaine réalité de l’expérience. Si bien que soudain tout son effort paraissait inutile et plus qu’inutile. J’en avais vu blessés au front des hommes qui pourtant étaient ses plus sûrs admirateurs littéraires et même nos partisans en politique...

Pour ce qui est de Napoléon, ne m’accorderez-vous pas deux choses ? D’abord, la légende militaire a été réduite par une nouvelle réalité militaire. Après 14, on ne peut pas voir du même œil certaines créations hugolesques de charges de cavalerie. Ensuite, une certaine fureur d’ambition à la Sorel [Julien Sorel héros stendhalien] ou à la Rastignac [personnage balzacien de la Comédie humaine, incarnant l’ambition] n’est plus dans la sensibilité des jeunes gens. Je ne l’ai trouvé dans aucun des « ambitieux » que j’ai approchés : Raymond Lefèvre (jeune chef du parti communiste mort en 1920 dans la mer Blanche), Aragon, Bergery, Malraux, un certain Arnaud Petitjean

D’après Bauër, Gilles n’est qu’un roman sur …l’ambition manquée… Drieu proteste énergiquement avant de s’expliquer : …Ah non, j’ai partout marqué avec insistance que Gilles n’est pas ambitieux. C’est un contemplatif qui n’est hanté par l’ambition des autres qu’un instant et qui ensuite se meut dans un rapport parfaitement défini de « distance respectueuse » avec l’ambition de certains, de « services réciproques ». C’est tout le contraire de l’ambition du XIXe siècle qui confond l’action et le rêve. Gilles, c’est la distinction continue entre ces deux forces. Je suis extrêmement déçu et étonné par une telle interprétation, venant d’un lecteur attentif. A quoi bon écrire, alors ? J’ai débuté dans la vie littéraire en 1917 par un recueil de poèmes « Interrogation » qui fut interdit par la censure. Il y avait dans ce recueil un poème intitulé « A vous Allemands » qui était un éloge de l’ennemi, sur un plan d’ailleurs d’histoire et de philosophie qui avait fort peu de rencontre avec les bagarres intellectuelles du moment. Je n’ai nulle envie de relancer ce poème, comme je l’ai marqué dans un article contre Bernard Shaw. Mais je continue à n’avoir pas plus envie de me joindre à l’immense diatribe personnelle contre Hitler qui me paraît fourvoyer l’opinion, comme l’a fourvoyée la diatribe contre Guillaume ou Bismarck. Il y a l’allemand, et puis voilà tout. Et c’est comme il est et il faut le combattre comme tel, sans vain espoir de le changer derrière ses chefs. J’ai toujours soutenu cette thèse dans tous mes essais politiques et dans mes articles de l’Emancipation, auxquels vous faites une allusion mal informée ou malveillante […] Je n’ai nullement l’intention en aucun cas de renoncer à une certaine considération du génie allemand à travers tous ses avatars, qui m’opposait encore vraiment dans une correspondance privée à Maurras et qui peut aussi bien m’opposer à toute négation passionnée de ce génie venant de toute autre part. Pour ce qui est de l’enthousiasme demandez aussi bien qu’à moi à Montherlant, à Malraux, à Green, à Bernanos, des comptes ! Ils se taisent bien plus hermétiquement que moi… Il termine par une poignée de main …non sans froncement de sourcil…

 

Joint  : Lettre (préambule) ...Il n’y a jamais eu d’amitié entre nous, mais je goûtais lors de nos rares rencontres (...) ce jeu de sentiments libre, impalpable qui est comme le prélude infiniment prolongé à l’amitié (...). Je n’aime pas beaucoup les querelles personnelles, j’en ai bien assez sur un dos qui vieillit. Je vous envoie cette lettre que j’avais d’abord écrite puis jetée dans un coin. Elle est plus expressive que l’autre. Je vous assure que des gens qui n’étaient au courant de rien ont trouvé vos articles fort désagréables pour moi.

Il ajoute un p.-s. : ...(je n’en finis pas !). Ce qui me chagrine le plus dans vos articles, c’est ce réflexe de notre temps qui y apparaît : on n’a pas le droit en France de parler des valeurs consacrées autrement que dans les termes consacrés. Ou bien quelque père fouettard se dresse pour donner les verges à l’enfant indocile, même si c’est un gaillard de 47 ans.

Il y a longtemps que cela m’écœure et me retire bonne part de mon enthousiasme.

            Déjà Stendhal s’en plaignait au temps de la Restauration.

            Nietzsche dans ses Intempestives voyait dans cet état d’esprit un terrible danger pour l’Allemagne...

 

 

Le Gilles de Drieu La Rochelle : l’écrivain en commence la rédaction en 1937. Sous l’apparence d’un roman d’éducation, l’auteur dessine la décadence de la France pendant ces vingt années et entend donner une histoire politique et intellectuelle de l’entre-deux-guerres à travers le regard de son héros. Mais il s'agit aussi d'une remise en cause de la part de l'auteur, qui voulait d'abord appeler son ouvrage Pamphlet contre moi et mes amis. Le héros, Gilles, est en effet la description jusqu'à la caricature des principaux traits de Drieu, cynique, élégant, brillant et cruel. L'autodénigrement rejoint la dénonciation des impostures intellectuelles de ses amis. On reconnaît Gaston Bergery en Clérences, Louis Aragon en Galant, André Breton en Caël, et Dada et les surréalistes dans le groupe artistico-révolutionnaire.

 

Un procès symbolique contre Barrès avait été organisé par André Breton : accusé de « crime contre la sûreté de l'esprit » ; par Georges Ribemont-Dessaignes l'accusateur public, la défense était assurée par Aragon et Soupault, et, parmi les témoins se trouvaient Tzara, Péret, Drieu La Rochelle, Jacques Rigaut...

André Breton avait exposé ainsi l'acte d'accusation : « Le problème est de savoir dans quelle mesure peut être tenu pour coupable un homme que la volonté de puissance porte à se faire le champion des idées conformistes les plus contraires à celles de sa jeunesse. Comment l'auteur d'Un Homme Libre a-t-il pu devenir le propagandiste de l'Écho de Paris ? ». Cette réflexion ne vaut-elle pas aussi pour Drieu ?...

 

Gérard Bauër, né en 1888 au Vésinet et mort à Paris en 1967, est un essayiste et critique français. Il est le petit-fils naturel d'Alexandre Dumas père.

Critique littéraire et dramatique à L'Écho de Paris de 1907 à 1935, puis chroniqueur et éditorialiste au Figaro, où il rédige à partir de 1935 le Billet de Guermantes sous le pseudonyme de Guermantes, il publie également, outre cinq volumes de chroniques, un roman, quelques courtes comédies, ainsi que plusieurs ouvrages sur Paris.

Directeur de Paris-Presse en 1945, il est membre de l'Académie Goncourt en 1948. Il obtient en 1959 le Grand prix littéraire de la Ville de Paris pour son Rendez-vous avec Paris.

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