BRASSAÏ (Gyula Halàsz). Né à Brasov (Hongrie). 1899-1984. Photographe, peintre, écrivain.
L. dactylographiée S. « Brassaï » à « Mes chers Amis », avec un post-scriptum autographe, signé « Brassaï ». Èze-Village, 22 juillet 1970.
1 p. in-folio. Papier à lettres.
Été brûlant !
Brassaï raconte sa peur : un terrible incendie de forêt faillit ravager sa propriété du midi située dans le charmant village d’Èze, à quelques kilomètres de Monaco :
...Mercredi, le 15, juste après le déjeuner que nous avons pris sur la terrasse de La Manderea, Gilberte me dit : « Il doit y avoir un incendie, je sens le brulé... ». Et ça sentait en effet, la bonne odeur du feu de bois... Peu à peu un nuage noir obscurcissait le soleil et sous cette lumière lugubre le Mistral soufflait avec une rare violence – 110 kms à l’heure. Le feu s’avançait vers nous avec une vitesse foudroyante... Brassaï et son épouse fuient devant les flammes, se réfugient chez des amis, au Cap Martin. Là, par le docteur du village, ils apprennent que leur maison est intacte : ...« Vous pouvez passer une bonne nuit. Le feu a épargné votre maison et même tous vos arbres... ». C’était vraiment miraculeux. Toute la colline a brûlé au-dessus de nous et la moitié de la forêt par où passe notre chemin. Mais tout danger n’était pas encore écarté. Des centaines de foyers incandescents couvaient encore n’attendant qu’un coup de vent pour être réanimés. Aussi le jeudi et le vendredi nous sommes rentrés à La Manderea juste pour « sauver » d’autres affaires. Et en effet, samedi, le 17, la maison faillie de bruler (sic) pour de bon, cette fois. (...) Nous sommes montés dimanche : le spectacle autour de la maison est dantesque : rochers noircis, arbres calcinés et la terre noire, est comme saupoudrée de la neige, tant est épaisse la couche de la cendre...
Et le post-scriptum : ...Chère Babeth merci de ton adorable lettre ! et excuse-nous de cette lettre circulaire, mais je n’ai pas le temps d’écrire et je n’ai pas ma SECRÉTAIRE. Je vous embrasse tous, Brassaï...
Brassaï, arrivé à Paris en 1924, voulait être peintre, il fut soutenu par le Hongrois André Kertesz, reconnu comme photographe, et devint très vite la maître des photos de Paris la nuit.