WAGNER (Richard).
Né à Leipzig (Allemagne). 1813-1883.
Compositeur allemand.
L.A.S. « Rich. Wagner » à « Cher ami » [Charles Nuitter].
Lucerne, 25 février 1869. 2 pages 3/4 in-8. En français.
(légère trace d'encadrement)
Wagner, qui n’aimait guère Paris (la représentation en mars 1861 de Tannhaüser avait été un échec cuisant pour le compositeur allemand), décide de ne prendre aucune part au projet de Pasdeloup,
concernant la création de Rienzi au Théâtre Lyrique
...Je me suis décidé, de ne pas aller à Paris, et de laisser son caractère tout à fait personnel à l’entreprise de Mr. Pasdeloups [sic, Jules Pasdeloup]. C’est dans ce sens, et avec des explications tout à fait paisibles que j’ai écrit une lettre ostensible à Mad. Judith Mendès, qui était chargée par Mr. Girardin d’écrire pour « La Liberté » sur moi pour mon arrivée attendue à Paris ; Je crois que cette lettre sera publiée très prochainement dans ce journal...
Mais, après des mûres reflexions, je trouve que je n’ai pas à me mêler à ses essais de transplanter mes œuvres. Mais ce que je veux faire toujours c’est de donner mes avis, si bien que cela se fait par distance. Je pense que vous y consentirez. D’ailleurs, tenez vous toujours à ma dernière lettre ; nous ne voulons pas un désastre (...). Je compte avant tout sur l’assistance, c’est-à-dire : sur le jugement de Mr. Vauthras. S’il croit que l’affaire puisse marcher, laissons la marcher sans entraves. Seulement, pour le cas d’une cochonnerie imminente, je servirai de dernier(e) reserve pour empêcher le malheur...
J’écris encore à Paddeloups, qui m’a invité de venir. Adieu, cher ! Tenez moi toujours un peu au courant des affaires...
Il ajoute un p.-s. : ...J’enjoins encore à cette lettre celle que je viens d’écrire à Pasdeloups, et que je laisse ouverte pour ce que vous puissiez vous instruire de son contenu. Je tiens beaucoup au rendez vous exigé : tâchez d’en faire une condition de mon consentement...
La première de Rienzi, une œuvre de jeunesse de Wagner, avait eu lieu à Dresde en 1842. Rienzi ne connaîtra la scène parisienne que 57 ans après sa création en Allemagne, sous la baguette de Jules Pasdeloup dans une traduction française de Charles Nuitter et Jules Guillaume (Nuitter avait déjà contribué à la traduction de Tannhäuser et de Lohengrin), le 6 avril 1869.
Judith Mendès, (fille de Théophile Gautier), a été une des premières et des plus ardentes zélatrices du culte wagnérien à Paris. Elle écrivit plusieurs articles dans la presse sur Wagner, et l’été 1869, faisait le pèlerinage à Tribschen, avec Catulle Mendès (qu’elle venait d’épouser) et le poète Villiers de l'Isle-Adam. Une amitié très vive se noua avec le maître du Ring, et son épouse Cosima, qui s'exprimera dans une abondante correspondance sur plusieurs années.
Correspondance générale de Richard Wagner, vol. 21, N° 53.