LAMENNAIS (Félicité Robert de, père). 1782-1854.
Prêtre, écrivain, penseur, et homme politique.
L.A. à son frère l’abbé Jean-Marie de Lamennais. Paris, 10 février 1818.
2 pp. in-8. Adresse.
Belle et longue lettre à son frère au sujet du Concordat de juin 1817 :
Lamennais commence …par deux choses peu importantes [...] savoir si, comme on le dit, l’abbé Morel est mort… et quel est …le nom de la paroisse où l’on a bâti la chapelle en l’honneur de St Jean… Il fait expédier à son frère 15 exemplaires d’un essai, non pas …le Correspondant, qu’on dit ennuyeux… Après avoir donné des nouvelles de son entourage, il en vient aux questions concernant le concordat : …Les évêques de première nomination (celui de St B[rieu]x et celui de Vannes par conséquent n’en sont pas) les évêques, dis-je, nommés aux sièges dont le d[erni]er Concordat ne change point la circonscription, doivent incessamment recevoir leurs bulles. Elles ont été enregistrées au conseil d’État, en vertu du concordat de 1801. De là toutes sortes de difficultés. Le g[ran]d aumônier, l’arch[evêque] de Tours, celui de Bourges, en voudront-ils ? On croit que non. Quelques-uns des autres les accepteront-ils ? on craint que plusieurs ne les prennent p[ou]r se faire sacrer, et ne les gardent en poche, sans vouloir prendre l’administration de leurs diocèses ; ce qui formerait une nouvelle classe d’évêques très-extraordinaire, et augmenterait le profond désordre où nous sommes déjà [...]. Les révolutionnaires triomphent, et pour solenniser l’anniversaire de fameuses réimpressions, en annoncent une d’Helvetius, point d’épiscopat dans aucun sens, point de diocèse, point de concordat. Dieu seul sait ce que cela deviendra... Il s’apprête à publier un ouvrage : …L’abbé Boyer ayant parlé de mon ouvrage au bureau du J[ourn]al des Débats, on lui a répondu qu’on ne l’annoncerait point, parce qu’il était trop religieux. […] Personne ici ne m’a encore dit un mot sur le fond. On dispute du stile (sic), et les avis se contredisent.[...]. Les philosophes du haut parage disaient à Mlle Champy, que c’était un livre très-dangereux, propre à séduire, et qu’elle ne devrait pas le garder chez elle. Je crois qu’ils se tranquilliseraient, si j’en retranchais tout ce qui choque nos gens de goût. Trop de littérature effémine l’esprit, qui finit par mourir phtisique…
Le concordat du 11 juin 1817 est un concordat signé entre le Saint-Siège et le royaume de France sous Louis XVIII. N'ayant pas été validé, il n'est jamais entré en vigueur et la France est donc restée sous le régime du concordat de 1801 jusqu'à la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat du 9 décembre 1905.