COCTEAU (Jean). Né à Maisons-Laffitte. 1889-1963.
Poète, scénariste, chorégraphe.
M.A.S. «Jean Cocteau» au verso du dernier feuillet.
5 pp. in-8 numérotées (de 1 à 5) en haut à droite, sous enveloppe marquée « METZ » à l’encre brune.
Très beau texte de préambule au spectacle de Pelléas et Mélisande qui devait se jouer au théâtre municipal de Metz (les 22 et 23 septembre 1962), dans lequel Cocteau s’explique sur le choix du lieu retenu et celui des décors imaginés pour servir au mieux le texte de Maeterlinck mis en musique par Debussy.
…Pelléas est une pièce qui semble réaliste et irréelle. On y souffre d’amour et de solitude mais la mort de Mélisande nous fait penser au vol nuptial des abeilles. Or le réalisme irréel n’est autre que le domaine enfantin et c’est pourquoi après bien des refus en France, en Angleterre, en Allemagne, en Autriche, en Amérique, j’ai fini par me résoudre, pour le festival de Metz à me souvenir des programmes du magazine « Le Théâtre » qui jonchait mes draps de rougeole et de scarlatine et à reprendre ce que j’imaginais d’un spectacle dont ma famille revenait en silence et auquel je n’avais pas l’âge de me rendre. J’ai voulu mouvoir des personnages d’un style médiéval aux fraîches couleurs, dans des esquisses exécutées d’après ce qui reste dans ma mémoire des décors du spectacle d’origine, lorsque la salle houleuse se moquait de ce mariage mystérieux d’un chef d’œuvre avec un autre, la musique impressionniste et féminine de Claude Debussy dévorant un peu le texte mâle de Maeterlinck comme il arrive dans l’accouplement des mantes religieuses. J’aimais ces décors de décors construits et qui ne contraignent pas le spectateur à un effort d’imagination. Seulement leur nombre et les interludes en rendent la mise en place très difficile et j’ai pensé que le mélange du simple dessin et des lumières qui traversent les zones transparentes sur lesquelles il s’ébauche suffiraient à conduire le spectateur dans le royaume de Maeterlinck sans que l’empire de Claude Debussy en souffre (…). Mon but serait de ne pas ajouter à deux grandes œuvres conjointes un poids pittoresque et décoratif...
Le drame de Maeterlinck écrit en 1892 fut rendu célèbre par la mise en musique que Debussy en fit.